Des jihadistes shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont pris d’assaut l’hôtel Hayat vendredi soir dans une pluie de coups de feu et d’explosions de bombes
- Les assaillants étaient toujours retranchés dans l’hôtel tôt samedi, des coups de feu sporadiques et de fortes explosions ont été entendus dans la zone
Au moins huit civils ont été tués dans les affrontements entre des islamistes radicaux shebab, qui ont attaqué un hôtel de Mogadiscio, et les forces de sécurité tentant de les neutraliser, a indiqué samedi un responsable de la sécurité, tandis qu’au fil des heures le bilan montait à 12.
«Les forces de sécurité ont continué à neutraliser les terroristes qui ont été cernés dans une chambre dans le bâtiment de l’hôtel, la plupart des gens ont été secourus mais au moins huit civils sont à ce stade confirmés morts», a déclaré ce responsable, Mohamed Abdikadir.
Des jihadistes shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont pris d’assaut l’hôtel Hayat vendredi soir dans une pluie de coups de feu et d’explosions de bombes.
«Les forces de sécurité ont sauvé des dizaines de civils, y compris des enfants, qui étaient piégés dans le bâtiment», a ajouté M. Abdikadir.
Les assaillants étaient toujours retranchés dans l’hôtel tôt samedi, des coups de feu sporadiques et de fortes explosions ont été entendus dans la zone.
Il s’agit de la plus importante attaque dans la capitale somalienne depuis l’élection du président Hassan Sheikh Mohamud en mai.
Une douzaine de personnes étaient rassemblées dans la nuit en face de l’immeuble pour tenter d’obtenir des nouvelles de leurs proches.
«Nous étions à la recherche d’un membre de ma famille (…) coincé à l’intérieur de l’hôtel, sa mort a été confirmée ainsi que celle de six autres personnes, dont deux que je connais», a témoigné l’une de ces personnes, Muudey Ali.
UNE DÉCENNIE DE VIOLENCES ET D’INSTABILITÉ
La Somalie est plongée dans le chaos depuis la chute en 1991 du régime militaire du président Siad Barré, suivie d’une guerre de chefs de clans et de la montée en puissance des shebab.
Retour sur la décennie écoulée depuis que ces islamistes radicaux affiliés à al-Qaïda ont été chassés de la capitale.
Les shebab chassés de Mogadiscio
En août 2011, les shebab sont chassés de la capitale Mogadiscio par la force de l’Union africaine (Amisom). Ils perdent l’année suivante leurs autres bastions urbains dans le sud du pays.
Le 1er août 2012, une nouvelle Constitution est adoptée, puis un Parlement installé.
Le 10 septembre, Hassan Cheikh Mohamoud est élu président.
Attentats au Kenya et en Somalie
Du 21 au 23 septembre 2013, au Kenya voisin, les shebab attaquent le centre commercial Westgate de la capitale Nairobi, faisant 67 morts. Ils affirment agir en représailles de l’intervention militaire kényane menée dans le sud somalien depuis fin 2011.
Le 2 avril 2015, un commando shebab attaque l’université de Garissa, dans l’est du Kenya, tuant 148 personnes.
Le 16 février 2017, Mohamed Abdullahi Mohamed, surnommé Farmajo, est élu président.
Le 14 octobre, l’explosion d’un camion piégé à Mogadiscio fait au moins 512 morts. L’attentat, attribué aux shebab, est le plus meurtrier jamais commis en Afrique.
Premières tensions électorales
Le 25 juillet 2020, après un vote de défiance des députés, le Premier ministre Hassan Ali Khaire est démis de ses fonctions, officiellement pour avoir échoué à organiser une élection au suffrage universel.
Le 18 septembre, Mohamed Hussein Roble est nommé à sa place, après un accord prévoyant des élections au suffrage indirect avant la fin du mandat de Farmajo.
Le 5 décembre 2020, le président américain sortant Donald Trump ordonne le retrait de la « majorité » des troupes américaines de Somalie « d’ici début 2021 ».
Fin de mandat et affrontements
Le 7 février 2021, le mandat de Farmajo expire, sans accord entre le gouvernement fédéral et les Etats régionaux pour l’organisation d’élections.
Le lendemain, une alliance des candidats d’opposition juge le président illégitime. La communauté internationale appelle à des élections dans les plus brefs délais.
Le 12 avril, les députés prolongent le mandat du président de deux ans, déclenchant plusieurs jours d’affrontements armés à Mogadiscio .
Le 1er mai, dans un geste d’apaisement, Farmajo charge directement Mohamed Hussein Roble d’organiser des élections.
Le 27, le gouvernement annonce la tenue des élections parlementaires dans un délai de 60 jours.
Reports et conflits au sommet de l’exécutif
Le 29 juin, l’élection présidentielle est fixée au 10 octobre. Cette échéance ne sera pas tenue.
Le 16 septembre, une semaine après un premier différend public entre les deux hommes, Farmajo retire à Roble ses « pouvoirs exécutifs ».
Le 25 décembre, nouveau conflit dans l’exécutif : Farmajo retire à son Premier ministre la responsabilité d’organiser les élections. M. Roble l’accuse en retour de saboter le processus électoral.
Deux jours plus tard, Farmajo le suspend de ses fonctions, l’accusant d’interférer dans une enquête sur une affaire d’appropriation de terres. Ce dernier dénonce une tentative de « coup d’Etat » et reste en poste.
Le 9 janvier 2022, Mohamed Roble et les leaders régionaux annoncent un accord pour achever les élections d’ici au 25 février. Plusieurs reports suivront.
Le 31 mars, l’ONU approuve une nouvelle force de maintien de la paix conduite par l’Union africaine, nommée Atmis, pour succéder à l’Amisom.
Le 26 et 28 avril 2022, les présidents des deux chambres du Parlement sont élus.
Le 15 mai, les élections sont finalement organisées et Hassan Cheikh Mohamoud est élu président pour la deuxième fois.
Peu après, les États-Unis annoncent qu’ils rétablissent une présence militaire en Somalie. En juillet et août, ils déclarent avoir tué un certain nombre de combattants shebab dans des frappes aériennes.
En juillet, les jihadistes attaquent une base militaire à la frontière avec l’Éthiopie et lancent des incursions chez le voisin occidental de la Somalie.
Selon l’ONU en août, un million de personnes ont dû fuir leur foyer à cause de la pire sécheresse depuis au moins 40 ans, qui fait planer le risque d’une famine dans tout le pays.
RSA avec AFP
Discussion à propos du post