Le Conseil de sécurité a prorogé le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2025 ; mais les États-Unis, en leur qualité de rédacteur du projet de résolution, se sont retrouvés «sous le feu des critiques» de l’Algérie, appuyée par la Fédération de Russie qui a «battu en brèche la « partialité » américaine», résume un compte-rendu de l’ONU.
La Russie s’est abstenue le 31 octobre lors du vote sur le projet de résolution du Conseil de sécurité proposé par les États-Unis sur la prolongation du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), alors que l’Algérie a boycotté ce vote après avoir proposé deux amendements rejetés par le Conseil.
Le Conseil de sécurité a adopté, par 12 voix pour et 2 abstentions (Fédération de Russie et Mozambique), la résolution 2756 (2024) par laquelle le mandat de la MINURSO est prorogé jusqu’au 31 octobre 2025, rapporte un compte-rendu publié sur le site de l’ONU.
«L’Algérie, fait exceptionnel, n’a pas participé au vote, après que la majorité des membres du Conseil se sont abstenus sur deux projets d’amendement qu’elle avait proposés», a précisé le texte.
Le Conseil de sécurité avait en effet rejeté le premier amendement proposé par l’Algérie, visant à noter «avec une profonde inquiétude que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) n’a pas pu se rendre au Sahara occidental pour la neuvième année consécutive», avant de rejeter le deuxième amendement visant à «élargir le mandat de la MINURSO afin qu’elle recense les violations du droit international humanitaire […] commises au Sahara occidental».
Regrettant d’avoir été «contraint» de soumettre ces amendements «parce que le porte-plume [États-Unis, ndlr.] a décidé d’imposer son propre projet de résolution», le délégué algérien a défendu ces deux amendements avant de boycotter le vote. «Le porte-plume a délibérément ignoré nos observations, et cela nous a étonnés», a-t-il déploré.
Quant au boycott du vote sur le projet de résolution, le délégué algérien a pointé du doigt «l’attitude» et les méthodes de travail des États-Unis. «Nous avons découvert que le porte-plume a fait circuler en bleu un projet de résolution qui ne contient aucun des éléments qui ont fait l’objet d’un accord», a fustigé le délégué algérien, regrettant que ces éléments aient été «délibérément ignorés».
La Russie «bat en brèche» la proposition américaine
Les États-Unis, en leur qualité de rédacteur du projet de résolution, se sont ainsi retrouvés «sous le feu des critiques» de l’Algérie, appuyée par la Fédération de Russie qui a «battu en brèche la « partialité » américaine», a résumé le compte-rendu de l’ONU.
Le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, a souligné que Moscou soutenait l’extension des pouvoirs de la MINURSO, qui joue un rôle stabilisateur clé dans la région. Cependant, la Russie n’est pas d’accord avec le projet américain, qui selon elle ne reflète pas la situation réelle et «ne contribuera probablement pas à parvenir à une solution mutuellement acceptable du conflit».
«Depuis 2018, des modifications ont été apportées aux résolutions prolongeant le mandat de la MINURSO, ce qui porte clairement atteinte à l’approche impartiale et non partisane du problème du Sahara occidental. Nous n’étions pas d’accord avec cette logique dans le passé et nous ne pouvons pas la soutenir aujourd’hui», a souligné Nebenzia.
Selon lui, une solution politique juste et à long terme doit convenir à la fois aux Marocains et au Front Polisario, être conforme aux principes et objectifs de la Charte des Nations Unies et prévoir également l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. «Nous considérons que le mépris manifesté par les États-Unis à l’égard des opinions d’un certain nombre de membres du Conseil, y compris des membres permanents, est contraire aux pratiques diplomatiques. Nous exhortons les Américains à réfléchir à l’abandon des fonctions de supervision du Sahara occidental et à transférer ces responsabilités à d’autres membres plus responsables du Conseil de sécurité», a conclu Nebenzia.
Territoire disputé
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est considéré comme un «territoire non autonome» par l’ONU en l’absence d’un règlement définitif. Depuis près de 50 ans, un conflit armé y oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie voisine.
Rabat prône un plan d’autonomie sous sa souveraineté exclusive, tandis que l’Algérie et le Polisario réclament un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU, prévu lors de la signature en 1991 d’un cessez-le feu, mais jamais concrétisé.
Fin juillet, le président français Emmanuel Macron a soutenu le plan du Maroc visant à résoudre le conflit de longue date au Sahara occidental. Alger a immédiatement annoncé le retrait «avec effet immédiat» de son ambassadeur à Paris, marquant le début d’une crise diplomatique d’ampleur entre les deux pays.
Regard Sur l’Afrique avec RT en français
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