À la veille des présidentielles aux États-Unis, les «alliés» ont également acté des mesures visant à mettre leur soutien à l’Ukraine à l’abri des «aléas politiques».
«L’Alliance de l’Atlantique Nord a une fois de plus clairement confirmé son essence. Il s’agit d’une alliance créée dans une époque de confrontation et dans le but de maintenir la confrontation», a dénoncé ce 11 juillet à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
«Nous constatons que nos adversaires en Europe et aux États-Unis ne sont pas des partisans du dialogue. Et à en juger par les documents adoptés lors du sommet de l’OTAN, ils ne sont pas des partisans de la paix», a déclaré le porte-parole du Kremlin, assurant que la Russie prendrait des «mesures réfléchies, coordonnées et efficaces» afin de «contrer la menace sérieuse» posée par l’OTAN.
L’ancien président russe Dmitri Medvedev, actuel vice-président du conseil de sécurité du pays, a quant à lui déclaré: «nous devons tout faire pour que la voie irréversible de l’Ukraine vers l’adhésion à l’OTAN se termine par la disparition de l’Ukraine ou de l’OTAN. Ou mieux, des deux». Dans une déclaration commune publiée la veille, les pays du bloc militaire occidental ont assuré qu’ils continueraient d’aider l’Ukraine «à suivre sa trajectoire irréversible vers l’intégration euro-atlantique pleine et entière, y compris vers l’adhésion à l’OTAN».
Réunis à Washington, pour un sommet de l’Alliance marquant les 75 ans de leur bloc militaire, les 32 pays occidentaux ont également réaffirmé l’inscription dans la durée de leur soutien militaire à Kiev. Ceux-ci ont notamment annoncé leur intention de dégager une enveloppe «de base d’au moins 40 milliards d’euros pour l’année à venir».
La Turquie dans le rôle de médiateur
En marge du sommet de l’OTAN organisé à Washington, le président turc a insisté sur le fait que le scénario d’un conflit entre l’Alliance atlantique et la Russie devait être évité. Depuis le début du conflit en Ukraine, Ankara adopte une position neutre, entretenant des relations aussi bien avec Moscou qu’avec Kiev. «La perspective d’un conflit direct entre l’OTAN et la Russie est préoccupante», a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan, en marge du sommet de l’Alliance atlantique à Washington.
Le chef d’État turc a également insisté sur le fait que «toute mesure susceptible de conduire à ce résultat [un conflit] devait être consciemment évitée», a rapporté Anadolu. Les membres de l’OTAN sont en effet rassemblés dans la capitale américaine jusqu’à ce 11 juillet. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également fait le déplacement pour convaincre l’Alliance de continuer son soutien militaire et financier à Kiev.
Membre de l’Alliance depuis 1952, la Turquie adopte néanmoins une posture plus neutre que l’Occident à l’égard du conflit en Ukraine. Le président Erdogan maintient des liens aussi bien avec Kiev qu’avec Moscou. Vladimir Poutine a d’ailleurs reçu le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan le 11 juin dernier à Moscou pour parler des problématiques au Moyen-Orient mais également du dossier ukrainien. Quelques jours plus tard, le 16 juin en Suisse, le chef de la diplomatie turque a regretté l’absence de la Russie au sommet sur l’Ukraine. C’est à Istanbul que la Russie et l’Ukraine ont négocié, en mars et avril 2023, quelques semaines après le début du conflit, un accord de cessez-le-feu et de neutralité de l’Ukraine. Vladimir Poutine a plusieurs fois indiqué qu’un accord avait été atteint. Un plan torpilles à l’époque par le Premier ministre Boris Johnson, qui a poussé Kiev à poursuivre la lutte. La Turquie a également joué un rôle de premier plan dans l’accord céréalier de septembre 2022. «Aucun processus qui marginaliserait la Russie sur l’Initiative sur les céréales en mer Noire ne sera viable», avait alors déclaré le président Erdogan, avant d’ajouter que l’Ukraine devait «assouplir son approche». Ankara a également plusieurs fois joué un rôle de médiateur pour l’échange des prisonniers de guerre entre les deux belligérants. En même temps, après des mois de tractations, le gouvernement américain a donné son feu vert à la vente d’avions de chasse F-16 à la Turquie, pour un montant de 23 milliards de dollars, dans la foulée de la ratification en janvier 2024 par Ankara de l’adhésion de la Suède à l’OTAN.
Fraîchement intégrée à l’Alliance, la Suède – par la voix de son ministre des Affaires étrangères Tobias Billstrom – a estimé que l’Asie «devrait également être reconnue comme faisant partie des préoccupations de l’OTAN». Modeste Dossou voit par ailleurs mal tous les pays membres de l’Alliance accepter une adhésion de l’Ukraine.
« Certains pays, comme la Hongrie, la Turquie et bien d’autres savent que l’entrée de l’Ukraine serait synonyme de guerre avec la Russie. L’idée de faire entrer l’Ukraine est une idée que les pays membres devraient déjà commencer à oublier », précise-t-il.
Résultats du dernier jour du sommet de l’Otan
Les membres de l’Otan, qui étaient réunis jusqu’à jeudi soir dans la capitale américaine ont décidé de renforcer son aide à Kiev et d’envoyer un haut représentant de l’Alliance à Kiev pour assurer la coordination avec les autorités locales. Le Kremlin a estimé en réponse que l’Otan était « pleinement impliquée » dans le conflit en Ukraine.
- Plus de 20 pays et l’UE ont signé un document lors du sommet pour accélérer l’assistance militaire à Kiev;
- Les pays de l’Otan ont convenu de soutenir l’Ukraine à hauteur de 40 milliards d’euros en 2025;
- L’Otan va consulter l’Ukraine sur le développement et la mise en œuvre de l’architecture de défense aérienne et antimissile pour une compatibilité totale avec l’Alliance;
- Un haut représentant de l’Alliance viendra à Kiev pour assurer la coordination avec les autorités locales;
- Les pays de l’Otan enverront une invitation à Kiev à rejoindre l’Alliance en cas du consentement de ses membres et du respect des conditions nécessaires, et soutiendront les efforts de l’Ukraine pendant qu’elle poursuit ses réformes;
- Un nouveau centre de formation de l’Otan pour l’Ukraine en Pologne va étudier les leçons du conflit;
- Macron a annoncé son soutien à Kiev pendant aussi longtemps que nécessaire;
- Erdogan a jugé inacceptable que l’Otan devienne partie au conflit en Ukraine;
- Scholz a promis de discuter de la fourniture de munitions aux chasseurs ukrainiens F-16 si on le lui demande;
- Selon Biden, le sommet a eu un « énorme succès « .
Le Kremlin a estimé en réponse que l’Otan était « pleinement impliquée » dans le conflit en Ukraine, ajoutant prévoir des « mesures » pour « contrer » cette « menace sérieuse ».
L’Otan cherche à étendre son influence et à contrecarrer les avancées d’autres pays comme la Chine ou la Russie. Les volontés d’expansion de l’Otan sur d’autres théâtres que ceux de l’Alliance atlantique, annoncées lors du sommet de l’Alliance à Washington, répondent à des luttes d’influences. Il s’agit d’une manière pour l’Otan de contrer les avancées de la Russie et de la Chine. Car l’Occident veut garder pour elle seule l’influence sur le monde. Et l’Afrique et le Moyen-Orient constituent une zone d’influence qui, une fois contrôlée, permettrait à n’importe qui d’être assez puissant. Voilà pourquoi les africains doivent être debout et prêts pour ce qui arrive en face d’eux.
Regard Sur l’Afrique Par Tinno BANG MBANG
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