1993 est sans doute l’année la plus importante de l’histoire du web. En suivant les recommandations de son inventeur Sir Tim Berners-Lee, le CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, décidait de rendre libre et accessible gratuitement à tous les habitants de la Terre, les technologies du World Wide Web.
Cette volonté de faire du Web naissant un bien commun à toute l’Humanité était prôné par son inventeur Sir Tim Berners-Lee. La décision prise le 30 avril 1993 par le service juridique du CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire à Genève, a eu des implications au-delà de ce que son concepteur ou quiconque pouvait imaginer à l’époque : ce dispositif multimédia d’information et de communication universel a, en 30 ans, changé la face du monde.
Le World Wide Web a été inventé en 1989
Et 4 ans après son invention, la fréquentation du World Wide Web s’intensifie. Beaucoup d’internautes se connectaient à l’époque par simple curiosité se demandant à quoi pourrait bien servir ce service multimédia ? Alors que depuis les années 1960 existait un autre dispositif dénommé Internet. Et là, grossière erreur ! « Il ne faut surtout pas confondre les deux systèmes » expliquait le physicien James Gillies, ancien directeur de la communication au CERN, dans le livre « Comment est né le Web » coécrit avec Robert Cailliau, l’informaticien belge qui a développé le World Wide Web avec Tim Berners-Lee.
L’Internet existait bien avant le Web
Internet représente l’infrastructure technique par laquelle transitent une multitude de services numériques, comme nos courriels, nos vidéos, nos réseaux sociaux ou nos applications pour smartphones, précise le physicien James Gillies : « Avant le Web existait un autre système appelé Internet, mais tous les ingrédients nécessaires pour concevoir le World Wide Web étaient déjà là. Nous disposions de l’hypertexte, de programmes informatiques, de réseaux de communication de données. Les communautés de développeurs de logiciels étaient aussi présentes, mais dispersées un peu partout dans le monde. ».
Et James Gillies d’expliquer la différence entre les deux systèmes : « Les ordinateurs au temps d’Internet, qui avaient chacun leur langage informatique propriétaire, ne pouvaient pas transmettre ou recevoir des informations, sauf si les machines employées étaient de la même conception. C’était un véritable problème pour les chercheurs qui avaient besoin d’un système de communication global afin de partager leurs travaux scientifiques. C’est à ce moment de l’histoire de l’informatique que Tim Berners-Lee a imaginé son projet qui permet aux ordinateurs, quel que soit leur système, de communiquer entre eux ».
Le premier serveur Web date de 1990
Le physicien James Gillies et l’informaticien Robert Cailliau ont été les témoins privilégiés de la naissance du Web : « À l’époque, j’étais physicien au CERN et j’observais les premiers essais du Web. Pour moi, c’était quelque chose de normal que des ordinateurs de différentes conceptions puissent échanger des données. Mais Robert Cailliau, qui a développé le World Wide Web avec Tim Berners-Lee m’interpelle en me disant : vous êtes l’un des rédacteurs au service de la communication du CERN, il faut que l’on rédige l’histoire du Web avant que les gens l’oublient. Les chercheurs qui participent au projet sont en train de partir et l’histoire sera perdue. Et c’est ainsi que j’ai commencé à écrire avec Robert l’histoire du Web. »
Les pages Web en 1993 étaient très austères
Mais quelle évolution ! Aujourd’hui, l’espace virtuel de la Toile d’Araignée Mondiale nous offre des images en 3D, des métavers, des sons spatialisés, des connexions quasi instantanées et des conversations avec des programmes d’intelligence artificielle. Sans oublier évidemment environ deux milliards de sites Web qui sont actuellement à portée de clic dans le monde.
La fin de l’utopie d’un Web libre et gratuit
Cependant, l’utopie des débuts, d’un Web libre et gratuit, a laissé la place à bien des désillusions. Piratages informatiques en série, manipulation de l’information, matraquage publicitaire en ligne… Selon Tim Berners Lee, le Web aujourd’hui est devenu une gigantesque galerie commerciale dans laquelle se vendent au plus offrant nos données personnelles. Le Web accueillant et bienveillant qui est vantée par les grandes firmes du numérique est une illusion, estime-t-il. Le World Wide Web ne restera le bien commun à toute l’Humanité qu’à la seule condition de n’être « ni censuré, ni sous surveillance », prévient son père fondateur.
La Web Foundation milite pour un accès équitable au web
REgard Sur l’Afrique avec RFI Par :Dominique Desaunay
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