Au Ghana, des personnalités influentes s’élèvent contre un dangereux projet de loi anti-lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT).
Le 28 février, le parlement du Ghana a adopté ce projet de loi draconien, qui durcit les sanctions pénales pour les relations homosexuelles consensuelles, et criminalise les actions d’individus et d’organisations qui défendent les droits des personnes LGBT. En outre, le projet de loi criminalise le fait de ne pas signaler une personne LGBT aux autorités et de dénoncer toute personne utilisant sa plateforme de médias sociaux pour produire, publier ou diffuser du contenu faisant la promotion d’activités interdites par le projet de loi.
Depuis lors, des personnalités éminentes, comme Samia Nkrumah, ont exhorté le président Nana Akufo Addo à rejeter le projet de loi. Le ministre des Finances du Ghana a adressé au président une note soulignant le risque de conséquences économiques désastreuses de ce texte, s’il devenait loi.
Une aide de près de 7 milliards de dollars qui doit être versée au Ghana pourrait être compromise si une loi prévoyant des peines d’emprisonnement pour les personnes LGBTQ était promulguée.
Le ministère des Finances du Ghana a averti que ce pays d’Afrique de l’Ouest pourrait perdre 3,8 milliards de dollars de financement de la Banque mondiale si sa loi anti-LGBTQ était promulguée. Un prêt de 3 milliards de dollars du FMI pourrait également être compromis, a-t-il déclaré lundi 4 mars.
Le droit pénal actuel du Ghana, dérivé des lois de l’époque coloniale britannique, punit les relations homosexuelles entre hommes d’une peine maximale de trois ans de prison. Les récentes pressions en faveur d’une législation encore plus sévère ont déjà eu des conséquences pour les personnes LGBT au Ghana. Après l’introduction en 2021 de ce projet de loi, 21 militants des droits LGBT ont été illégalement arrêtés et détenus pour avoir organisé une réunion de sensibilisation au sujet des droits humains, au motif qu’ils faisaient la promotion de l’homosexualité lors d’un « rassemblement illégal ».
Le 6 mars, Jour de l’Indépendance au Ghana, des manifestants se sont rassemblés devant les sièges de missions diplomatiques ghanéennes à Londres, Johannesburg et ailleurs pour exprimer leur solidarité, au niveau panafricain et mondial, avec les Ghanéens opposés à ce projet de loi choquant et néfaste. Le président Addo a déclaré à propos du projet de loi qu’il ne permettrait pas au pays de reculer en matière de droits humains et d’État de droit.
«Pour 2024, le Ghana perdra 600 millions de dollars de soutien budgétaire et 250 millions de dollars pour le Fonds de stabilité financière (FSF)», a déclaré le ministère ghanéen des Finances dans une note d’orientation. Le document souligne les implications économiques du projet de loi anti-LGBTQ pour la coopération du Ghana avec la Banque mondiale dans les cinq à six prochaines années, et avec d’autres partenaires internationaux, notamment l’Allemagne, qui s’est opposée à l’adoption de la loi.
En mai 2023, le FMI a accordé un plan de sauvetage de 3 milliards de dollars à ce pays à court d’argent, après qu’il a fait défaut sur sa dette. Le programme du FMI comprend un financement distinct de la Banque mondiale pour aider cette ancienne colonie britannique à se redresser économiquement.
«Le non-décaissement de l’aide budgétaire de la Banque mondiale fera dérailler le programme du FMI», a déclaré le ministère des Finances. «La mise en échec du programme du FMI aura des conséquences désastreuses sur l’exercice de restructuration de la dette et sur la viabilité à long terme de la dette du Ghana», a-t-il ajouté.
Le Département d’Etat américain «profondément inquiet»
L’approbation par les législateurs ghanéens du projet de loi portant sur les droits sexuels et les valeurs familiales (Proper Human Sexual Rights and Family Values Bill) a été dénoncée par le département d’État américain, qui s’est déclaré «profondément inquiet» de cette décision. Selon Washington, son adoption porterait atteinte aux droits des Ghanéens à la liberté d’expression, à la liberté de la presse et à la liberté de réunion, tels qu’ils sont garantis par la constitution du pays.
Vendredi dernier, le FMI a déclaré qu’il suivait «de près» la situation au Ghana après l’adoption du projet de loi par les députés. L’institution qui est basée à Washington indique que sa politique interdit «la discrimination fondée sur des caractéristiques personnelles, incluant mais sans y être limitée, le genre, l’expression du genre ou l’orientation sexuelle».
La Banque mondiale a également indiqué préparer une réponse.
Alban Bagbin, président du Parlement du pays, avait précédemment déclaré que l’ingérence de puissances extérieures, dont les États-Unis, dans la législation ne serait pas tolérée. Le député Sam George, principal promoteur du projet de loi, a également menacé de mesures de rétorsion à l’encontre des partenaires internationaux si ces derniers sanctionnent le Ghana en réponse à la promulgation de la nouvelle loi.
En août 2023, la Banque mondiale a déjà suspendu l’octroi d’un nouveau financement à l’Ouganda pour pénaliser ce pays d’Afrique de l’Est d’avoir adopté une loi contre l’homosexualité. L’organisme de financement mondial a conclu que la loi anti-LGBTQ, qui fait de «l’homosexualité aggravée» un crime capital et punit les relations consensuelles entre des personnes du même sexe d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à la perpétuité, allait contre ses valeurs.
Regard Sur l’Afrique avec Sources/RTfrance
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