L’Europe reste le partenaire particulier du continent. C’est du moins ce que révèle l’enquête « Afrique 2050 » de l’Institut Choiseul, qui a sondé quelque 300 dirigeants parmi 34 pays africains.
À l’aube de 2050, où elle est destinée à devenir le géant démographique du monde, l’Afrique se dessine comme un pivot stratégique dans le paysage mondial des investissements. Une récente enquête intitulée « Afrique 2050 », menée par l’Institut Choiseul, a sondé près de 300 dirigeants africains et révèle des perspectives nuancées sur les partenariats économiques d’un continent qui favorise les investissements directs étrangers (IDE) internationaux (62%).
L’Europe dispose d’une image favorable
En 2022, l’afflux d’IDE en Afrique a subi un net ralentissement, captant 45 milliards de dollars, contre 80 milliards l’année précédente. Cette diminution traduit les ajustements du marché international dans le contexte d’une reprise post-pandémique. Dans cette atmosphère d’incertitude économique, l’Europe a maintenu, et continue de maintenir, sa position d’investisseur de premier plan en Afrique.
L’enquête révèle que 53% des dirigeants africains placent l’Union européenne au sommet de leurs choix comme partenaire commercial de prédilection pour les futures décennies. L’intérêt se porte notamment sur des acteurs clés tels que l’Allemagne (pour 69% des répondants) et la France (61%), qui se distinguent comme les partenaires commerciaux de prédilection. Cette préférence est particulièrement prononcée parmi les pays francophones, bien que la bataille pour l’influence économique se durcisse, opposant l’Europe à des puissances comme la Chine (16%) et les États-Unis (11%).
Parallèlement, la Russie peine à s’imposer, ne ralliant que 3% des suffrages des décideurs interrogés. Et 13% des participants vont jusqu’à considérer que l’intensification de l’influence russe en Afrique pourrait être « préjudiciable » au développement économique de leurs pays et de leurs affaires.
L’influence chinoise recalibrée
Le programme « Global Gateway » de l’UE, envisagé comme un contrepoids au projet chinois des « Nouvelles routes de la soie », reçoit un accueil positif, avec plus de la moitié des répondants le percevant comme une initiative « prometteuse ». Ce plan, qui prévoit d’injecter 150 milliards d’euros en Afrique, vise à renforcer les infrastructures essentielles.
De son coté, la Chine, actuellement le principal investisseur en Afrique, voit son influence recalibrée. Les réductions de prêts, motivées par les inquiétudes concernant la solvabilité, marquent un retour en arrière dans ses relations avec le continent. La présence chinoise demeure jugée indispensable par une notable proportion des dirigeants interrogés, soulignant une relation complexe faite de nécessité économique et de prudence stratégique.
Le sentiment général parmi les décideurs africains interrogés révèle une certaine frustration : le cadre actuel n’est pas aussi attractif qu’il pourrait l’être. Seulement 19% des participants à l’enquête jugent la législation de leur pays entièrement adéquate pour améliorer son attrait. En revanche, une majorité de 60% soulignent le besoin urgent de réformes pour renforcer cette attractivité, tandis que 20% considèrent que les lois en vigueur sont totalement inadaptées.
RSA et JA Par Yara Rizk
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