Le Niger rompt aussi sa coopération militaire avec les États-Unis. Après avoir chassé les militaires français de leur territoire, le Niger ne veut plus non plus des Américains.
Après les Français, les militaires américains vont à leur tour être chassés du Niger. Le régime des généraux au pouvoir à Niamey a dénoncé ce samedi 16 mars « avec effet immédiat » l’accord de coopération militaire passé avec les États-Unis en 2012, affirmant que la présence américaine désormais « illégale ».
Le Niger rompt doucement avec l’Occident. Après les Français, les militaires américains pourraient à leur tour être chassés du Niger. Le régime des généraux au pouvoir à Niamey a dénoncé samedi « avec effet immédiat » l’accord de coopération militaire passé avec les Etats-Unis en 2012, affirmant que la présence américaine était « illégale ».
Rapidement après son arrivée au pouvoir lors d’un coup d’Etat le 26 juillet 2023, le régime de Niamey avait dénoncé des accords de coopération militaire avec la France et les derniers soldats français ont quitté le Niger fin décembre.
« Le gouvernement du Niger tient à informer l’opinion nationale et internationale que les 12, 13 et 14 mars 2024, ses représentants, sous l’autorité de Son Excellence Ali Mahamane Lamine Zene, Premier ministre, ont eu une série de réunions de travail avec une délégation américaine composée de la Sous-secrétaire d’État aux affaires africaines, cheffe de délégation Mme Molly Phee, du Secrétaire d’État adjoint aux affaires internationales Dr Céleste Wallander, du Commandant de l’Africom le Général Michael E.Langley, du Directeur adjoint de l’Afrique de l’ouest Skye Justice et de l’ambassadrice des États-Unis au Niger Kathleen FitzGibbon », ajouté le porte-parole du CNSP, déplorant que l’arrivée de la mission américaine « n’a pas respecté les usages diplomatiques ».
Après le coup d’Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, Washington a suspendu sa coopération avec le Niger. Mais les Etats-Unis comptent quelque 1.100 soldats engagés dans la lutte antidjihadiste dans le pays et disposent d’une importante base de drones à Agadez (nord). En décembre, ils s’étaient même dits prêts à reprendre cette coopération, sous conditions.
« Sur le choix des partenaires diplomatiques, stratégiques et militaires, le gouvernement du Niger regrette la volonté de la délégation américaine de dénier au peuple souverain du Niger le droit de choisir ses partenaires et le type de partenariat à même de l’aider à mieux lutter contre le terrorisme, alors que les États-Unis ont décidé unilatéralement de suspendre toute coopération entre nos deux pays », a déploré le porte-parole du CNSP.
Précisant que le Niger « n’a signé aucun accord secret sur l’uranium avec la Russie et l’Iran », il a dénoncé « l’attitude condescendante, assortie des menaces de représailles, de la cheffe de la délégation américaine vis-à-vis du gouvernement et du peuple nigérien ».
Samedi soir, le colonel Amadou Abdramane, porte-parole du régime a indiqué que le gouvernement nigérien « prenant en compte les aspirations et les intérêts de son peuple » avait décidé « en toute responsabilité de dénoncer avec effet immédiat l’accord relatif au statut du personnel militaire des Etats-Unis et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire du Niger ».
Comme le Mali
Dans un communiqué, lu à la télévision nationale, M. Abdramane précise que la présence militaire américaine est « illégale » et « viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques ». Selon Niamey, cet accord « injuste » été « imposé unilatéralement » par les Etats-Unis, via une « simple note verbale », le 6 juillet 2012.
Le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller, a fait savoir sur X que Washington avait pris connaissance du communiqué du régime de Niamey et qu’il faisait suite à des « discussions franches […] sur nos préoccupations » concernant la « trajectoire » de la junte.
Samedi soir, le colonel Abdramane a également évoqué le retour à l’ordre constitutionnel dans ce pays qui s’est rapproché de ses voisins le Burkina et le Mali – eux aussi gouvernés par des militaires – mais aussi de pays comme l’Iran ou la Russie.
Le Niger, le Burkina et le Mali ont annoncé la création d’une force conjointe pour lutter contre les djihadistes qui frappent régulièrement leurs trois pays.
Pour rappel, Les États-Unis d’Amérique disposent d’une base militaire au Niger dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Jusqu’au coup d’État du 26 juillet dernier contre le Président Mohamed Bazoum, une partie des soldats américains étaient stationnés au sein de l’Escadrille militaire de Niamey. Quelques semaines après le coup d’État, ses soldats ont rejoint la principale base située à Agadez, dans le Nord du Niger et près des frontières libyenne et algérienne.
Par Regard Sur l’Afrique
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